TISSU (2024)

Charly et Bonnie décortiquent le style Fripster grâce à Patrick Pastis, un client régulier de la boutique chineur d’objets kitschs et expert en kebab. Toujours vêtu de survêtements Fila, Umbro, Champion ou Tacchini, Patrick a un style qui nous rappelle Lorenzo ou encore Salut c’est cool. Découvrez comment Patrick est passé des chemises de BB Brunes aux chaussettes Lidl, pourquoi la France a échoué à créer une pop-culture efficace, et comment la Nike TN a été intronisée par la mode !

Bonnie apprend à Charly à repérer les InstaK. Charly hallucine quand il se rend compte que sa collègue un peu quelconque Caroline a une double vie sur les réseaux : elle est Lou Diamond, influenceuse mode invitée à toutes les Fashion Weeks. A l’ère de l’image omniprésente, Caroline n’a peut-être pas son bac mais elle a accès à des espaces bien plus prestigieux que ses collègues. “Fake it ‘til you make it”. Mais le FOMO, les avalanches de micro-tendances, la dictature des filtres et les centaines de commentaires par jour peuvent faire perdre la tête. Comment être sûr·e qu’on suit bien ses propre rêves et non pas ceux de ses followers ?

Aujourd’hui à la boutique : atelier surcyclage avec Anubis, le pote de Bonnie qui est au Beaux-Arts de Paris. Contrairement à ce que pense Charly, si Anubis possède un 3310 plutôt qu’un smartphone, ce n’est pas parce que c’est un dealer mais bel et bien un Brutaliste. Amoureux de la décroissance et de faire les choses par soi-même, Anubis a l’habitude de la vie en communauté. Toujours prêt à mettre la main à la pâte, il se moque de se tâcher car il porte toujours son bleu de travail. Et il n’a certes pas de smartphone pour éviter le doomscroll, mais il est assez connecté pour connaitre le cycle de culture des panais et autres légumes oubliés. Mais Anubis est-il Brutaliste pour réellement gaspiller moins ? Ou se dit-il Brutaliste pour compenser socialement le fait qu’il soit d’une génération défavorisée ?

Bonnie et Charly ont attrapé des Yuccies. Non, ce n’est pas une MST, mais cet espèce d’hipster 2.0 est bel et bien en train de gentrifier leur boutique. Comment s’en débarasser ? Peut-être en leur faisant des réduc’ sur la nouvelle collec’ de Veja ou de Stan Smith ? En apprenant à déchiffrer le langage corporate ? En les attirant dans un tiers lieu fait de palettes qui vend des chai latte commerce équitable ? S’ils sont autant en afterwork, c’est pour compenser un bullshit job qui leur donne envie de brûler le coworking café ou l’open space dans lequel ils travaillent chaque jour. Les cadres sups citadins de la “start-up nation” sauront-il lever le nez de leur montre connectée et accepter le manque de sens de leur vie avant le burn-out ?

Anas, le cousin de Bonnie, débarque à la boutique avec Idriss. Charly, n’ayant jamais grandit en banlieue, constate que le style des jeunes de Marseille a créé une nouvelle variation des codes de la cité : le Bkhiskar. Les survêts’ sombres ont laissé place aux maillots de foot fluo, les crânes rasés, aux cheveux longs et les Asics sont aussi populaires que les TN. Anas est accompagné par Sarah dont les vêtements contredirait toutes les idées reçues d’extrême-droite sur celles qu’ils appellent des “beurettes”. Inspirée par les courants de pensées décoloniales, la nouvelle génération, née en France et pas au bled, ne cherche plus l’assimilation. Bloqués par une société qui les renvoie à un certain type de métiers ou à la criminalité, les Bkhiskars sont-ils le futur de la créativité dans l’entreprenariat ?

Alors que Charly arrive un dimanche matin au magasin, il se rend compte que Bonnie y organise un after. Charly n’en a jamais fait, n’étant pas familier avec la communauté techno et le fait de faire la fête 4 jours d’affilées. De raves secrètes en warehouse difficilement accessibles : les Technokids, habillés comme des personnages de Matrix, ont su assouvir des besoins de contacts et de fête lorsqu’on a demandé au commun de tout sacrifier pour une génération qui leur a laissé un monde dans un piteux état. Des vêtements noirs pour devenir invisible échapper à la police dans la rue, des New Rocks pour planquer des pochons et des lunettes de vitesse même quand il fait nuit. Comment les personnes queers ont géré la venu tous les orphelins de la fête dans leurs communautés si codifiées ?